France

Introduction

Le Paradis des Bulles est depuis sa création en 2015,  un centre de plongée eco-responsable.  Avec une réelle volonté de développer une pratique sportive respectueuse de l’environnement. Le centre a d’abord cassé les codes du fonctionnement standard d’un centre de plongée en s’inspirant du slow tourisme. Il propose exclusivement des sorties plongées à la journée ou sur plusieurs jours, en nombres restreint avec comme objectif de prendre son temps.

Les trajets s’en trouvent limités, ainsi que la pollution associée…

Bien sûr aucune solution n’est parfaite, et les avancées modernes incessantes permettent de pousser le concept toujours plus loin. En 2020, nous avons donc souhaité lancer un projet totalement innovant : le premier bateau de plongée électrique 100% en activité en France ! Cerise sur le gateau, le bateau est autonome en eau et en énergie, et accessible à tous. C’est ainsi que l’eSperança est né !

Le bateau peut accueillir des personnes en situation de handicap, des familles, des entreprises pour des ateliers de sensibilisation à l’environnement.

Présentation du projet

Le Paradis des Bulles est un centre de plongée basé à Port-Vendres, en Occitanie. La plongée est une activité de loisir ayant un lien fort avec l’environnement. Le centre a donc été créé avec comme mission de chercher à limiter notre impact sur le milieu. Chaque année nous essayons d’aller plus loin dans notre démarche. Plus de 80% de l’empreinte carbone d’une plongée est liée au transport en bateau. Nous avons naturellement voulu réduire cette empreinte en concevant un bateau de plongée 100% électrique.

Si nous avons des voitures électriques autour de nous depuis des années, il en est tout autrement des bateaux. En effet, la navigation en mer impose d’autres contraintes et les solutions développées pour les voitures ne sont pas directement transposables. Par ailleurs, le milieu marin étant particulièrement difficile pour le matériel, il était important de concevoir une solution qui soit simple, fiable et robuste.

L’objectif de ce projet était donc de faire un démonstrateur, pour prouver que des solutions alternatives sont possibles en proposant une solution de motorisation électrique qui ne soit pas plus onéreuse qu’une solution thermique, en travaillant avec des acteurs locaux et en privilégiant l’économie circulaire.

Nous avons ainsi réalisé l’e-Sperança, un catamaran de plongée de 15m par 6,5m pour 11 Tonnes. Il s’agit du premier bateau 100% électrique en activité en mer en France. Les batteries ont été fabriquées sur Bordeaux, les moteurs sur Nîmes et les panneaux solaires sur Toulouse.

Grâce aux panneaux solaires, le bateau, en plus d’être électrique, est totalement autonome en énergie puisque nous pouvons sortir tous les jours pendant plusieurs mois sans avoir à charger les batteries à quai. Nous avons également installé un dessalinisateur afin de le rendre autonome en eau.

Ce bateau est un outil de sensibilisation à l’environnement : nous y accueillons donc des plongeurs, des familles qui viennent découvrir l’activité, mais également des entreprises pour organiser des séminaires sur l’environnement. Nous proposons différentes activités : plongée, randonnée subaquatique, apnée, paddle. Il était important que l’activité soit accessible au plus grand nombre, nous avons donc réalisé le bateau aux normes PMR de manière à pouvoir circuler en fauteuil et nous avons réalisé un ascenseur pour pouvoir faire plonger toutes les personnes en situation de handicap.

L’e-Sperança permet de faire découvrir notre côte, la Côte Vermeille en silence et sans odeur. Nous profitons ainsi du trajet pour raconter l’histoire de la ville, des épaves, du parc marin, de la réserve, pour présenter les différents éco-systèmes etc… Cette navigation en douceur permet de changer l’état d’esprit des participants au moment d’aborder l’activité, et permet de créer du lien. Elle permet également de diminuer la pression sur le milieu en limitant fortement la pollution sonore.

Le programme Leader nous a accompagné par un financement qui nous a permis d’atteindre le budget nécessaire pour la réalisation du projet.

Le caractère emblématique du projet

Le but de la plongée est de découvrir le milieu sous-marin. Les plongeurs s’émerveillent des beautés rencontrées pendant les plongées. Mais bien souvent cette activité est minutée et pour augmenter la rentabilité, les centres de plongées se rendent le plus vite possible sur les sites de plongée, ce qui nécessite une quantité importante de carburant. A titre indicatif, un bateau de plongée consomme 10 fois plus qu’une voiture à distance équivalente ! Et la navigation pour se rendre sur les sites de plongée représente plus de 80% de l’empreinte carbone de la plongée (en prenant en compte le trajet pour aller de chez soi au centre de plongée, la navigation, le gonflage des bouteilles…). Il nous semblait donc essentiel de proposer une alternative afin de démontrer qu’il est possible d’avoir une approche plus respectueuse du milieu.

Mais il n’y avait pas de bateau tout électrique en activité. C’est une première, nous avons donc commencé le projet en nous renseignant sur ce qui existait par exemple en lac ou rivière, ou alors sur les solutions hybrides en mer. Nous avons analysé les difficultés rencontrées par les autres projets pour réaliser la conception de l’e-Sperança. Tous les éléments de la chaîne de propulsion (moteurs et batteries) ont été conçus et réalisés pour le projet, avec des partenaires locaux.

La chaîne de propulsion réalisée n’est pas plus onéreuse qu’une solution thermique, afin de permettre à ceux qui voudraient tenter l’aventure de pouvoir le faire.

La navigation en mer semble plus adapté pour l’électrique que la voiture : navigation à régime constant ce qui augmente la durée de vie de la batterie (les accélérations en voiture vieillissent prématurément les batteries), le poids des batteries est négligeable sur celui du bateau contrairement à la voiture, la dimension des bateaux permet d’avoir une production significative d’énergie en photovoltaïque par exemple.

Pour autant la navigation en mer implique des contraintes de sécurité plus importantes qu’en voiture : la météo peut changer brusquement en mer et toute panne met en danger les occupants du navire.

Au final, la solution réalisée est transposable à plein d’autres activités : d’autres centres de plongée bien sûr, mais aussi de la plaisance pour des sorties en famille, les « petits métiers » (bateaux de pêche de petite taille) qui sortent pour mettre les filets, casiers… en navigation côtière, ou encore des bateaux de service comme les pilotines.

Nous avons également réalisé la quantification des gaz à effet de serre du projet avec l’Ademe pour s’assurer de l’impact positif du projet, qui permet (si sa durée de vie n’était que de 10 ans) d’économiser plus de 330T de CO2. Au delà du carburant économisé par la navigation électrique, il y a également tous les consommables (filtres à huile, filtres à gazole, huile…) qui représentent une pollution non négligeable.

Photos

Lien vers une page contenant différents supports sur le projet :

Simon Briot

Pays Pyrénées Méditerranée

Occitanie