Création d’une microfiliere de gemmage en Cevennes

France

Introduction

Face à une sous valorisation du pin maritime implanté en Cévennes à partir du 19ème siècle, un collectif a porté une étude expérimentale visant la création d’une nouvelle filière d’extraction de la résine par gemmage. Cette filière permettrait de relocaliser la fabrication de produits aux usages multiples (chimie verte, soins thermaux) et en demande sur le territoire.

Présentation du projet

Bien que porté financièrement par le syndicat du Pays Cévennes, ce projet est le fruit d’une véritable dynamique collective rassemblant propriétaires forestiers, gestionnaires forestiers, entrepreneurs, chercheurs, porteurs et animateurs de la charte forestière, tous amoureux des Cévennes et souhaitant œuvrer pour un territoire vivant. A cheval sur le Gard, la Lozère et le sud Ardèche, les Cévennes sont caractérisées par une couverture du territoire par la forêt à plus de 60%, dont une grande partie est peuplé de pins maritimes (plus de 36 000 ha). Ce pin s’est répandu sans réelle gestion forestière. Actuellement transformé en bois-énergie et pâte à papier, ou au mieux en palette de bois, il est sous valorisé et de nombreuses parcelles sont difficiles d’accès. Par ailleurs, nous utilisons au sein du territoire français des produits issus de la résine de pins, telle que l’huile essentielle de térébenthine et la colophane, qui sont produites à l’étranger (Espagne, Portugal, Chine, Brésil, Indonésie) pour des usages industriels, pharmaceutiques ou cosmétiques. Localement, la station thermale des Fumades utilise, pour des soins thermaux, de l’huile essentielle et est demandeuse de relocaliser ses approvisionnements. Il y a donc une opportunité de créer une filière locale d’extraction et de transformation de la résine de pin, nommée la gemme, pour un usage sur le territoire. Le gemmage est une activité déjà présente sur le massif des Landes. Bien que concurrencée par les productions étrangères, elle se maintient et surtout, propose une extraction respectueuse de l’environnement (retardant de cicatrisation écologique). Une coopération entre les territoires des Landes et des Cévennes s’est donc faite pour mener une étude technique et économique de développement de filière. L’étude a eu pour objectif de : – Evaluer les surfaces disponibles pour la récolte de résine – Evaluer les quantités pouvant être extraites sur le territoire – Evaluer les coûts de récolte et de distillation – Comparer économiquement différentes techniques de distillation – Cibler les acteurs potentiels (récoltants / transformateurs / utilisateurs) pour faire vivre la filière – Fournir un modèle économique viable Une campagne de récolte a été organisées sur deux sites d’une commune gardoise (Le Chambon) en 2022. Les journées de récolte ont permis de former de futurs récoltants, grâce au savoir-faire d’une entreprise landaise ayant mise au point une technique de gemmage entièrement respectueuse de l’environnement. La résine récoltée a été analysée par un laboratoire de recherche de l’INRAE et de l’Université de Montpellier. Un bureau d’étude missionné pour mener l’étude économique a réalisé une cartographie des zones pouvant être exploitée (en fonction du relief, du diamètre des arbres, de l’accès), estimer les volumes de production, identifier les meilleures techniques de distillation (qualité du produit fini, niveau d’équipement), cibler et analyser une partie des secteurs de marchés les coûts d’exploitation, la marge brute. L’opportunité économique de cette filière a été validée et les futurs acteurs clefs identifiés.

Caractère emblématique du projet

Le GAL Cévennes soutient une activité économique en lien avec ses ressources locales pour trois objectifs prioritaires : créer des emplois et du savoir-faire sur le territoire, préserver les ressources et diminuer l’impact environnemental général en relocalisant les productions (fabrications étrangères, transports). Ce projet de création de filière de gemmage du pin répond parfaitement à la stratégie du GAL avec : – valorisation d’une ressource locale, – acquisition de nouvelle technique de travail, – fabrication de produits à haute valeur ajoutée, – extraction respectueuse de l’environnement (retardant de cicatrisation écocertifié, pas de surexploitation) – relocalisation de la fabrication de produits déjà utilisés sur le territoire Le GAL Cévennes priorise les projets faisant intervenir un réseau d’acteurs. Ce projet a rassemblé plus d’une trentaine d’acteurs : Collectivités et établissement publics ; Syndicats, associations, coopératives et entreprises de la filière bois ; Centres de recherche et universités ; Entreprises de soins thermaux et de fabrication de cosmétiques ; Bureau d’étude et financeurs. La dynamique partenariale s’est étoffée au cours du projet et a fait émerger de nouvelles idées ou projets similaires sur d’autres territoires. Au-delà de l’apport d’un nouveau savoir-faire et d’une nouvelle activité économique sur le territoire, ce projet amène plusieurs innovations techniques : – Le travail de transmission de l’entreprise landaise aux acteurs cévenols permet un approfondissement de la technique de récolte, – Le bureau d’étude a créé un tableur d’estimation des coûts de production et de distillation de la gemme modulables selon différents paramètres, ce qui est inédit en France. Il n’existe pas d’outil comparable autour de la résine actuellement.

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