Le mouvement de la géographie du mécontentement

Published by Marie Permingeat on

Vous en avez peut-être entendu parler cette année. Ce mouvement, qui voit ses origines dans la dépopulation massive des ruralités, principalement actif en Espagne et en Allemagne, vise à porter l’attention sur les régions laissées pour compte dans les politiques de développement nationales et européennes, et notamment sur le lien direct avec des tendances électorales eurosceptiques.

Le 12 juin 2023, la DG REGI a publié une étude sur le sujet, basée sur l’analyse des élections législatives nationales de mai 2018 à octobre 2022, et qui examine les résultats du vote eurosceptique en ce qui concerne le « piège du développement régional » (concept qui lui-même sort d’une étude de la DG REGIO de 2018).

L’étude conclut que plus une région est prise dans un piège de développement régional, plus le soutien aux partis eurosceptiques est important.  Le document suggère également que plus la période de stagnation est longue, plus le soutien aux partis qui s’opposent à l’intégration européenne est fort.

L’étude suggère plusieurs pistes à suivre pour sortir du piège du développement et mettre fin à la géographie du mécontentement:

  1. Besoin de mieux comprendre les causes des pièges du développement régional et la manière dont ils peuvent être surmontés : l’amélioration de la qualité de l’administration, l’accroissement de l’innovation et la stimulation de l’éducation et de la formation sont tous susceptibles d’aider une région à échapper au piège du développement, mais la bonne combinaison de politiques et d’investissements dépendra du contexte régional. La meilleure réponse politique est susceptible de différer entre les régions plus et les régions moins développées, entre les villes et les zones rurales, et entre les endroits plus accessibles et plus éloignés.
  2. S’engager davantage avec les résidents des petites villes et des zones rurales peut permettre de comprendre pourquoi ces résidents estiment que l’endroit où ils vivent n’a pas d’importance. Veiller à ce que les résidents locaux aient leur mot à dire dans les programmes de la politique de cohésion grâce à une forte implication locale, telle que promue par le principe de partenariat, peut réduire le sentiment des résidents que leur voix ne compte pas. La gouvernance à plusieurs niveaux peut également garantir que les priorités locales sont entendues dans les stratégies de développement régional.
  3. La fermeture des services publics et privés locaux peut également générer des sentiments de mécontentement et d’abandon pour compte. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour identifier (i) où l’accès aux services se détériore, (ii) quels groupes sont les plus touchés et (iii) comment les politiques peuvent assurer un accès suffisant aux services essentiels.
Lire l'article de María-José Murciano, Présidente du Réseau Espagnol de Développement Rural à ce sujet